1 litre d’eau perdu = -20 % de performance : la déshydratation équine, un fléau silencieux qui sabote vos entraînements
- prunearnoul
- 17 juil.
- 3 min de lecture

Dans le monde du cheval sportif, chaque détail compte. Pourtant, un facteur souvent sous-estimé continue de compromettre les performances, d’augmenter les risques de blessure et d’amoindrir les progrès à l’entraînement : la déshydratation. Ce phénomène insidieux commence bien avant les signes cliniques visibles et peut provoquer jusqu’à 20 % de baisse de performance par litre d’eau perdu. Oui, un simple litre.
Que vous soyez cavalier de haut niveau, entraîneur ou propriétaire passionné, reconnaître les premiers signes de déshydratation chez le cheval peut transformer votre approche de la performance et de la récupération. Voici pourquoi, et surtout comment.
I. 💧 L’eau, moteur invisible de la performance équine
Le cheval est composé à plus de 75 % d’eau.Lors d’un effort, l’eau est mobilisée pour :
La thermorégulation (par sudation et respiration)
Le transport des nutriments et de l’oxygène
L’élimination des toxines (via les urines, les selles, la sueur)
La lubrification articulaire et musculaire
➡️ En endurance, un cheval peut perdre 10 à 15 litres d’eau par heure.
➡️ En CSO ou dressage, 3 à 7 litres peuvent s’évaporer entre l’échauffement et la fin de l’épreuve.
➡️ En transport ou stress, des pertes passives d’eau peuvent aussi affecter l’équilibre hydrique.
Conséquence : dès 1 litre d’eau perdu non compensé, on constate :
Baisse de coordination
Fatigue musculaire précoce
Temps de récupération rallongé
Altération de la concentration
Fragilisation tendineuse
II. 🚨 Les 7 signes précoces de déshydratation à repérer dès les premiers efforts
Refus de boire avant/après l’effort
⚠️ Un cheval qui ne boit pas après l’échauffement n’est pas “pas assoiffé”, il est déjà en déséquilibre.
Échauffement anormalement long
Raideur, lente montée en température, muscles peu réactifs.
Sueur abondante, collante ou absente
Paradoxe : certains chevaux déshydratés ne transpirent plus correctement.
Augmentation du rythme cardiaque au repos post-effort
Le cœur travaille plus pour compenser la baisse de volume sanguin.
Perte d’appétit après le travail
Le corps priorise l’eau et la thermorégulation, l’appétit chute.
Yeux creusés, peau sèche
Pli de peau lent à revenir = alerte rouge.
Irritabilité, refus de coopérer
Un cheval déshydraté devient inconfortable, agacé, voire dangereux à la manipulation.
III. 🧪 Tests simples pour valider une suspicion de déshydratation
Test du pli de peau : sur l’épaule ou l’encolure

consiste à pincer la peau du cheval à l’avant de l’épaule, celle-ci doit revenir à la normale en moins de 2 secondes, sinon, la peau manque de souplesse, ce qui indique une déshydratation.
Temps de remplissage capillaire (gencives)

Soulevez la lèvre supérieure de votre cheval et pointez votre doigt fermement contre la gencive, pour faire sortir le sang des capillaires.
Enlevez votre doigt. Le point blanc qui était provoqué par la pression doit prendre la couleur rose d’origine en 2 secondes maximum.
Température rectale : > 38,5°C après 10 min de récupération = inefficacité de la thermorégulation
IV. ❌ Les erreurs fréquentes qui aggravent la déshydratation
Donner un seau d’eau trop froide après l’effort → ralentit la reprise de l’homéostasie
Attendre que le cheval ait soif → à ce stade, il est déjà déshydraté
Ne pas supplémenter en électrolytes après transpiration → l’eau seule ne suffit pas
Ne pas proposer d’eau pendant le transport
Supposer qu’un cheval qui ne transpire pas est “moins en effort” → peut être déjà en stress thermique
V. 💡 Les stratégies de prévention et d’hydratation optimale
✅ Avant l’effort :
Eau à disposition en libre-service
Pré-hydratation avec mash, luzerne humide, pommes ou carottes
Électrolytes 1 à 2 h avant le départ (en cas de forte chaleur ou effort intense)
✅ Pendant :
Accès à l’eau toutes les 30-45 min sur terrain
En cas d’épreuve longue : eau + électrolytes dosés + monitoring du rythme cardiaque
✅ Après :
Mash tiède à haute teneur hydrique
Repos à l’ombre, ventilation naturelle
Surveillance des urines (couleur, volume, odeur)
VI. 🧬 Pourquoi la déshydratation chronique est un danger silencieux
Au-delà de l’effort unique, la déshydratation répétée entraîne :
Troubles métaboliques (coliques, myosites)
Acidose musculaire chronique
Fatigue du système nerveux autonome
Surentraînement masqué
Risques accrus de tendinites ou fourbure
Un cheval peut sembler “juste un peu fatigué” alors qu’il est physiologiquement à bout de compensation.
🧠 Une gestion de l’eau, c’est une gestion de la performance
🌿 Dans une approche intégrative du cheval athlète, l’hydratation est une base non négociable. Elle doit être adaptée en continu, selon la météo, l’intensité du travail, l’état physiologique, le tempérament et même l’alimentation.
👉 Un litre d’eau peut sembler anodin, mais il peut être la frontière entre un cheval performant… et un cheval en souffrance invisible.














Commentaires